600 dans le Jura pour défendre la paysannerie

Samedi 29 janvier 2022, plus de 600 personnes ont investi une parcelle de 2 hectares à Passenans dans le Jura, avant de défricher collectivement ces terres laissées à l’abandon depuis plus de 10 ans. L’objectif était de la préparer pour une remise en culture prochaine pour de nouveaux paysan-ne-s plutôt que de la laisser en friche pour le seul profit de quelques spéculateurs.

Partout dans le monde, paysannes et paysans sont petit à petit dépossédé-e-s par le capitalisme de leur outil de subsistance et de travail : les terres agricoles. Et ce au profit d’un système agro-industriel mondialisé absurde qui privilégie les montages financiers et la concentration aux mains de quelques agro-industriels plutôt qu’une agriculture paysanne et de qualité dont nous avons tant besoin. C’est près de 16 000 paysan-ne-s qui disparaissent chaque année en France du fait notamment de ces mécanismes.
Cette situation devient particulièrement critique pour les vignobles du Jura, où les terres d’AOC (vin ou fromage) sont si convoitées que leur prix explose et qu’elles font l’objet de montages sociétaires et d’agrandissements excessifs. C’est bien simple, il est aujourd’hui impossible pour un-e jeune viticulteur/trice de s’installer et d’y cultiver des terres, alors que des investisseurs peuvent les racheter pour les laisser à l’abandon et laisser monter leur prix comme ici au lieu-dit de l’ours à Passenans.
C’est pourquoi plus de 600 paysan-ne-s et activistes des Soulèvements de la Terre et de la Confédération Paysanne ont envahi ce samedi cette parcelle de 2 hectares à l’abandon depuis 2008 ! Tenailles en main, et par centaines, ils ont concrètement commencé la remise en état de cette friche pour préparer le retour de jeunes vigneron-ne-s en devenir qui voudraient s’installer et y faire leur activité. Un travail réalisé grâce à l’appui des paysan-ne-s du Jura mobilisé-e-s qui ont apporté chevaux de trait, meules de Comté et repas locaux permettant à tout le monde de remettre la parcelle en état.
Et parce que cette action s’inscrit sur le temps long, la journée s’est terminée sur une assemblée générale des participant-e-s du Jura afin de décider collectivement de l’usage de ces terres récupérées et de la suite. Pour Steve Gormally, porte-parole de la Confédération paysanne du Jura, « il est temps de mener une bataille entre autres juridique, pour que cette parcelle soit remise en culture et redevienne un outil de travail pour celles et ceux qui en ont besoin ».
Cette action n’est qu’un début : dans le Jura comme ailleurs, nous continuerons à reprendre les terres aux spéculateurs. Pour défendre ce commun qu’est la terre, rendons-la aux paysan-ne-s !